Pour illustrer le paysage rapologique de la Bay, on fait souvent référence -à juste titre- à San Francisco, Oakland voir Vallejo qui représente les trois principaux foyers. En revanche, on entend plus rarement parler des petites villes qui peuplent cette belle région malgré la qualité qu'elles ont pu proposer.
Au début des années 90, East Palo Alto est l'une de ces villes moins exposé. Situé dans la « péninsule », à mis chemin entre les géantes San Francisco et San Jose qui dépassent toutes les deux le million d'habitants, EPA rougit avec sa trentaine de millier de tête. Dans la population de cette ville, qui au passage détient un des plus haut taux de criminalité de la côte Ouest se cache une génération d'excellent rappeurs et producteurs (Chunk, Totally Insane, S.I.C). On a l'occasion d'écouter ce panel de talent sur l' EPA City Compilation - Dead On Arrival en 1991 ou figure également un certain Sean T. Ce dernier, avec son groupe M.O.G sort le classique Exposed To The Game un an plus tard avant d'entamer une carrière solo.
Le fondateur de Murder One Records commence à travailler un premier solo qui verra le jour en 1993 sous le nom de Straight from The Street. Sean T se devait de réaliser une galette à la hauteur de la précédente. Plus inspiré que jamais à la production, il est accompagné d'une autre valeur montante avec qui il va former un tandem infaillible par la suite : G-Man Stan . Ce dernier co-produit l'album. Le mélange est explosif, les rifs de guitare de Stan Keith complètent parfaitement les touches de piano et autres effets sonores concoctés par Sean Thompson.
Son timbre de voie guttural et son flow s'apparentent de très près à celui de Notorious Big. Côté feat, on retrouve des artistes locaux, tel que Jet et Top Dog sur Gangsta Shit et Kaos sur Murder One Gangsta.
L'album est composé de 14 tracks non-stop. Après quelques écoutes, on est frappé d'entendre à quel point l'opus est fignolé et travaillé à l'extrême afin que chaque son ai le petit air ou la mélodie qui ravira l'oreille, les intonations et les couplets sont étudiés avec précision.
Les samples sont justes et utilisés à bon escient, comme sur Stay Off The Dick (qui offre bien plus de musicalité que la version de Rappin'4 Tay empruntant la même boucle) ou Get Gone le titre phare de l'album éclairé par la voie de Mona Dotson au refrain. Puisqu'on en vient, il faut souligner la qualité des refrains, souvent instrumentaux et très recherchés (Victim Of A Jack, Straight from The Street, A Whole Nutha Level...) voir scratchés (Gangsta Shit) qui alternent harmonieusement avec les couplets. Le remix de As A Youngtas, qui figurait à l'origine sur Exposed To The Game (M.O.G.) est à l'image de la première version, réussi.
Enfin, comment ne pas citer les arguments de poids que sont Keep 'Em Broke, All In A Niggas Look, Murder One Gangsta ou Only The Strong Survive ?
Il ne reste plus que les traditionnels Shoots Out pour cloisonner l'album, toujours en musique.
Pour conclure brièvement, cet album sort complètement de son époque. Tout comme il l'avait fait un an auparavant avec son groupe, il signe là un autre classique du rap nord californien. La bonne série va se prolonger jusqu'en 1996 ou il sortira, sur Young Gotti Records, Pimp Lyrics & Dollar Signs. Ses récents projets qui coïncident avec le nouveau millénaire n'ont malheureusement plus la même saveur.
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Turnol
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